I’m very careful not to have ideas, because they’re inaccurate
Agnes Martin
I’m very careful not to have ideas, because they’re inaccurate
Agnes Martin

Les chaudes journées d’été approchent. Est-ce visible la nuit ? Y a-t-il une différence avec les nuits froides ? Cette différence est-elle perceptible dans le son ? Ou est-ce que ça se situe avec plus ou moins de gens dans la rue ? Et plus ou moins d’activités ? Nous verrons ce que ça va être….
A l’origine, j’avais l’idée de ne pas filmer l’été parce que les nuits ne sont pas des “vraies” nuits : trop courtes, trop chaudes, trop agitées. Peut-être devrais-je y regarder de plus près…
J’ai filmé cette lune montante en pyjama du point de vue de mon jardin, il y a deux jours vers minuit.

Tout le monde a une bonne raison d’éviter la nuit : trop froid, trop sombre, trop venteux, trop risqué… J’ai ces raisons aussi. Pour ces prises de vue, j’ai littéralement dû m’arracher à la chaleur de ma maison pour faire quelques enregistrements sous le vent et la pluie. Au bout d’une heure, c’était fini et j’ai rencontré ces deux cygnes gracieux. – Enregistrement du 15 mars 2019 entre 20h30 et 21h30
La nuit n’est pas un objet devant moi, elle m’enveloppe, elle pénètre par tous mes sens, elle suffoque mes souvenirs, elle efface presque mon identité personnelle.
Maurice Merleau-Ponty

Dans ce dortoir de Hof ter Loo je présenterai la vidéo “The Night” pendant le festival Kunst in het Dorp en septembre 2019.
Il s’agit d’une exposition collective dans cet ancien monastère du village de Bellingen (Pepingen) près de Halle. Il y a environ 34 artistes qui exposent ici
Notez déjà les dates : 13-15 septembre et 21-22 septembre.
Ce dortoir est un endroit intéressant parce que la référence à la nuit est évidente. J’intégrerai également certains de ces lits dans l’installation avec les écrans extérieurs.
Suivez l’évolution de ce festival sur www.kunstinhetdorp.be et la page FB : https://www.facebook.com/kunstinhetdorp/

La nuit, la mesure du vrai et du faux est abandonnée. Avec l’absence de lumière du jour, la nuit devient le temps du travestissement : non seulement les formes sont difficiles à distinguer les unes des autres, mais en de nombreux endroits se produit un véritable changement où la vie devient la scène d’une sorte de comédie divine où tous les rôles classiques du jour sont échangés contre un spectacle carnavalesque.
Michael Fössel écrit dans “La Nuit” :
“Cachoteries, silences, travestis, masques : rien n’est moins qu’un homme débauché qu’il n’est caractérisé par la suspension des critères habituels de la vérité et du destin. Vérifiable tous les jours, les identités deviendront incertaines.” (p.203)


La nuit, même une statuaire auguste devient susceptible de métamorphoses. C’est sans doute pourquoi les autorités se croient obligées d’inonder les monuments officiels d’une lumière de projecteurs qui assure la permanence de leur visibilité. (…)
La lumière artificielle réinstaure une hiérarchie verticale alors que le propre de l’obscur est de n’avoir aucun point d’émission, donc aucune centralité, qui capture le regard en l’attirant.
Michaël Fœssel in “Inévidences nocturnes” – catalogue “Peindre la nuit” p.17
Quand j’ai commencé à tourner à la mi-octobre 2018, j’ai filmé les écluses du canal Bruxelles-Charleroi à Lembeek. Ces deux portes gigantesques qui retiennent des milliards d’hectolitres d’eau m’ont inspiré pour le début de cette vidéo sur la nuit. De plus, l’eau s’écoule constamment entre les deux portes vers l’extérieur : la nuit se tenait devant moi comme une gigantesque masse d’obscurité d’où jaillissaient des images.
Le dimanche 7 avril, vers six heures du matin, j’étais dans les parages des mêmes écluses – mais cette fois-ci sur le côté, à une écluse différente, plus petite. Là aussi, l’eau ruisselait d’un son très percutant. Cela m’a rappelé l’atmosphère des films d’Andrei Tarkovsky, où l’eau joue également un rôle important.
Là aussi j’ai fais une prise de vue en ayant l’impression de terminer quelque chose. La nuit m’avait donné tout ce qui était possible à ce moment-là.
Peut-être que les images de ces écluses formeront le début et la fin de la vidéo.
Pourtant la nuit n’est pas épuisée. La nuit est infinie. Il n’est pas possible de filmer “tout” de la nuit.